2024 : carnet de bord des ateliers de Benoît Richter

Série de 7-1-9

Écrits à la médiathèque de Lessay. Certains sont des 7-1-9 classiques (une invention de Patrick Biau, sorte de bouleversement du haiku traditionnel : trois vers de 7, 1 et 9 syllabes respectivement), d’autres des 7-1-9 de mots, et d’autres, dits vallotoïdes, cumulent ces deux contraintes.

Je vais prendre ma bi
Cy
Clette ou marcher sur la plage

Quel drôle d’atelier poé
Sie (zy)
Gomatique j’espère utiliser

Calligraphie ou dessin ?
Saint-
Saens composait plutôt sa musique

Mois zen et Mandala Ar(t)
ceaux
Ronds et cercles ne sont pas si sots.

Tricotez toute cette laine que je vois
Moutons
Sur la mer annoncent grand frais, vent et tempête.

Le comte refait ses comptes avec effroi
Froide
Sa cheminée devant laquelle il écrit ses contes

Trop de chiens, ça pue, ça mord
Mort
aux crottes, aux poils, à tout ce qui griffe.

Air pur, ciel bleu, vent nul, pla-
neur (N’heure)
Qui passe, joie, rêve, songe, vol dans les nues

(Marie-Odile Servajan)

*

Courir, s’envoler, échapper au quotidien quand,
Bêtement,
Il suffit de regarder intérieurement pour découvrir le bonheur.

Mouette, tu nous cries ton chant mot
Cœur
Pour que les barques voient la terre de loin.

Tous ces cris dans la nuit noire,
Peur ?
Non, ce ne sont que des chants de joie.

Pour créer un beau vers, il faut
Faire
Des jeux de mots jaunes et bleus très clairs.

La pensée, fleur de l’esprit libre
Répand
Ses couleurs, tableau à l’échelle de l’humanité.

(Nelly Dumont)

*

Ô mer des longs mois sans lui
viens
que tes eaux dans mon œil sans fin coulent

(Benoît Richter)

*

on ne dit là que des mots
courts
mais quel est le sens de ce pur jeu ?

*

ma triste âme au pied d’un arbre
pleure
sur l’ange et son ombre au plomb si frêle

*

les bulots sont des ani-
maux
de ventre s’il ne sont pas très frais

*

j’aime déguster des mol-
lusques
dans le calme et dans la volupté

*

pour être sûr que c’est un
neuf
il faut que je compte sur mes doigts

*

pardonnez-moi j’étais abs-
cons
mais c’est parce que j’étais malade

*

que j’aime quand elle éter-
nue
comme un ver arraché au sommeil

*

qu’on m’apporte un verre d’
aminométhylpyriminylhydroxyéthylméthuthiazolium
où je ne pourrai pas terminer ce petit poème

(Martin Granger)

*

Sur son navire l’ami
râle
mare de Moby Dick c’est assez !

*

Elle planta son épi
nette
et sans bavure au fond du jardin

(Christiane Vernay)

*

Tu préfères les petits
plats
quand je rêve des plus hauts sommets

*

Je sais, tu n’auras jamais
tort
tord le cou à ces idées reçues

*

Ce n’est pas toi qui a
tort
mais le cou de ces oies qu’ils gavent

*

La vie danse au bord de la
mer
qui part et le père et le fils pleurent

(Brigitte Hohmann)

Textée à partir d’une page de La Marque jaune, d’E. P. Jacobs

Dans le château du comte X, à minuit, une ombre se faufila. Il s’agissait d’un homme, à la musculature extraordinairement développée, qui, à la suite d’un accident, ne ressentait plus aucune douleur. Il sortit du château, franchiit une zone où des mines risquaient d’exploser à tout moment. Il sauta par-dessus un large fossé dont le fonds était tapissé de pieux et arriva au bord d’un torrent qu’il traversa avec l’aisance d’un poisson.
Il se redressa, réfléchit un moment pour s’orienter, puis pénétra dans une grotte. Celle-ci se prolongeait par un couloir étroit et sombre qui s’enfonçait sous la terre, et il se retrouva dans une sorte de caverne. Là encore, un escalier menait à une rivière souterraine jusqu’à laquelle il avança...

(Marie-Odile Servajan)

Poèmes de résurrection

Classe de Thibault Delange à Pirou :

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